Non, les rameurs antiques n’étaient pas des esclaves
Quand on imagine les galères antiques, on pense spontanément à des esclaves enchaînés, battant la rame sous les coups de fouet. Merci Astérix et Obélix. Pourtant, cette image est très éloignée de la réalité. En Grèce comme à Rome, la majorité des rameurs étaient des hommes libres, payés pour un travail difficile mais essentiel à la puissance de leur cité.
À Athènes, au Ve siècle avant notre ère, la flotte représentait la véritable clé de la domination maritime. Les trières, ces longs navires, embarquaient environ 170 rameurs. La plupart étaient des thètes, la classe la plus pauvre des citoyens, trop modestes pour s’équiper en hoplites (car oui vous deviez vous payer votre cuirasse) mais désireux de participer à la défense de la cité. Pour eux, ramer offrait à la fois un revenu et une place reconnue dans la communauté civique. Leur salaire – une drachme par jour – permettait de vivre décemment, et chaque rameur avait aussi droit à sa part de butin. Un retard de solde, en revanche, pouvait provoquer des refus collectifs d’embarquer, comme le mentionne Thucydide.
Alors oui, les équipages comptaient aussi parfois des métèques, étrangers établis à Athènes, et des alliés des cités partenaires. Mais s’il n’y en avait pas le besoin, il n’y en avait pas. Par contre, lorsqu’il manquait de rameurs, on n’hésitait d’ailleurs pas à enrôler des citoyens plus aisés pour combler les bancs.
Une journée de rameur était éreintante. Pouvant durer dix ou douze heures, rythmées non par des tambours (qu’on n’aurait pas entendu à cause des bruits de la mer et des cris), mais par la voix du keleustès, l’officier chargé de donner la cadence avec une trompe. La coordination devait être parfaite : un seul rameur désynchronisé pouvait déséquilibrer le navire. Les plus expérimentés, appelés thranites, occupaient la rangée supérieure et formaient les nouveaux venus. Leur nourriture se composait surtout de pain, de fromage, de poisson séché et de vin coupé d’eau. La discipline, elle, restait stricte : désobéir ou rompre la cadence pouvait entraîner des punitions, voire une exclusion. À Athènes, les sanctions demeuraient modérées, mais à Rome, la rigueur était bien plus redoutée. Les marins romains risquaient coups de fouet, réductions de solde ou même la mort en cas de faute grave.
Sous la République romaine, les rameurs étaient eux aussi des hommes libres : citoyens modestes, alliés italiens ou provinciaux, les peregrini. Mais avec le temps, surtout à partir du Ier siècle avant notre ère, la composition des équipages évolua. Les flottes impériales recrutèrent de plus en plus de non-citoyens, d’affranchis et de condamnés pour les flottes de circonstance (piraterie, guerre civile, campagnes ponctuelles,..). Les esclaves employés à la rame étaient pour la plupart des prisonniers de guerre ou des esclaves d’État, et non des travailleurs agricoles réaffectés. Malgré cela, les autorités romaines préféraient toujours les hommes libres ou semi-libres, jugés plus fiables en combat.
Les conditions de vie restaient similaires à celles des Grecs : longues heures de rame, promiscuité, chaleur écrasante et discipline militaire. Le salaire était modeste, mais parfois compensé par des primes ou des rations supplémentaires. Les retards de paiement pouvaient provoquer des tensions, voire des mutineries.
Finalement, il y a peu de différence au niveau des conditions de vie et des hommes recrutés. Mais, à Athènes, le rôle des rameurs dépassait la simple sphère militaire. Ces hommes des bancs inférieurs formaient aussi la base du peuple souverain. Leur poids politique dans l’Assemblée était réel, et les stratèges devaient composer avec leurs revendications. Pendant la guerre du Péloponnèse, certains refusèrent de partir tant qu’ils n’avaient pas reçu leur solde. Avec des esclaves à la place d’hommes libres, peut-être leurs Empire n’auraient jamais autant prospéré. Avec l’avènement des barbares et la décentralisation de la méditerranée, on perd de l’usage des rames (peu efficace en haute mer), les équipages eux sont fait d’hommes libres.
C’est lorsque la Méditerranée redevient un théâtre stratégique majeur que les rames font leur grand retour parmi les flottes Ottomanes, Vénitienne, …. . Ces guerres navales nécessitent des navires rapides et maniables, capables de naviguer près des côtes et sans vents. On cherche donc du monde mais le travail est trop dur. On cherche alors à prendre une main d’œuvre qui ne pourra pas dire non. Si chez les Ottomans ont prend alors des captifs de guerre ou des chrétiens, les Français prendront des captifs ou des Galériens (institutionnalisé par Henri II).
On passe d’homme libre à matériel vivant enchaîné à un banc.
Mais cette histoire là vous sera comptée plus tard.
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