L'Étendard d'Ur

 Les années 1920 marquent l’âge d’Or des découvertes archéologiques. Après la découverte en 1922 du tombeau du légendaire Toutankhamon par Howard Carter (1922), c’est une autre découverte qui va révolutionner l’archéologie :  celle de l’étendard d’Ur, dont je me plait à croire que c’était bien un drapeau comme le pensait Leonard Wooley.  


L’Étendard d’Ur : Un Trésor Millénaire de la Mésopotamie

Au cœur de l’ancienne Mésopotamie, la cité d’Ur, identifiée dès 1853 recelait de pièces archéologiques rares. Parmi elles, l’Étendard d’Ur, qui demeure l’un des objets archéologiques les plus fascinants de l’histoire antique.

La découverte : une aventure archéologique

C’est l’archéologue britannique Sir Leonard Woolley qui dirigea les fouilles de la cité en deux étapes, l’une (1922) pour professionnaliser son équipe (et éviter les vols) et l’autre (1926) pour atteindre son objectif : explorer les tombes royales d’Ur, vieilles de plus de 4 000 ans. Ces sépultures exceptionnelles contenaient bijoux en or, instruments de musique, armes, chars… et parfois les restes de serviteurs sacrifiés (ou suicidés) pour accompagner les souverains dans l’au-delà.

Petit fun fact, Sir Leonard Woolley fut accompagné par un jeune archéologue lors de cette seconde expédition, Max Mallowan, qui allait devenir l’époux d’une certaine Agatha Christie.

L’étendard fut mis au jour dans l’une de ces tombes royales, probablement celle d’un roi ou d’une reine. Endommagé par le temps et l’humidité, il ne restait que ses incrustations décoratives : lapis-lazuli bleu profond, nacre blanche et calcite. Grâce à une reconstruction minutieuse au British Museum, l’objet a repris vie sous une forme proche de son apparence originale.

Ce n’est d’ailleurs pas le seul objet mis à jour par Sir Woolley, entre pièces, tables, lapis lazzuli, peigne d’or, casque, … il y avait de quoi faire, et surtout beaucoup d’objets de convoitises. C’est ainsi que Sir Woolley quand il prévint ses collègues de sa découverte utilisa le Latin dans son télégramme pour protéger le secret. De même, au cours des inter-saisons, il scella un pacte avec une tribu locale pour protéger le chantier et éviter les rôdeurs. Cela semble avoir été efficace.

Un objet mystérieux et fascinant

Malgré son nom, l’étendard n’était probablement pas un drapeau au sens moderne du terme. Woolley pensait qu’il s’agissait d’un étendard militaire porté sur une hampe, mais aucune fixation n’a été retrouvée. Les spécialistes suggèrent aujourd’hui qu’il pouvait servir de coffret rituel, de boîte décorative ou même d’instrument symbolique.

Les deux faces de l’histoire

L’étendard présente deux scènes principales, organisées en registres horizontaux :

  • La face de la guerre : des chars écrasant des ennemis, des soldats capturant des prisonniers et un roi dominant la scène, symbole de pouvoir et d’organisation militaire.
  • La face de la paix : un banquet festif où musiciens et serviteurs entourent le roi, illustrant prospérité et harmonie après la victoire.

Cette dualité guerre/paix illustre parfaitement le rôle central du souverain dans la société sumérienne : chef militaire et garant de la prospérité de son peuple.

Un témoignage unique

L’Étendard d’Ur est bien plus qu’un simple objet : c’est un témoignage visuel de la vie, de la hiérarchie et de l’art sumériens, et l’une des premières représentations connues d’une armée organisée. Grâce à lui, nous pouvons plonger dans la Mésopotamie antique et mieux comprendre les fondements des civilisations qui allaient suivre.

 

 Et dans d’autres vestiges, l’histoire attend, patiemment, d’être racontée…

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Jean-Eudes Morante

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